9/15/2008

The happening

Publié par E. |




L'idée d'une humanité éradiquée par une mystérieuse épidémie suicidaire n'était certes pas révolutionnaire dans l'histoire du cinéma, mais avait le don de susciter l'intérêt et nous laisser entrevoir l'espoir d'une vision aussi inspirée que celle nourrissant La guerre des Mondes de Spielberg. On était en droit de penser que le réalisateur Shyamalan, légèrement à la dérive suite à son précédent opus La jeune fille de l'eau, tarirait la source alimentant les détracteurs de ses créations. Au contraire The happening entamera sérieusement la brèche creusée par des travers antédiluviens qui imprègenent trop souvent la méthode Shyamalan et qui resurgissent avec ces phénomènes, littérale explosion à la face du spectateur !



Le mystère est alléchant, et retient toute notre attention au début, laissant comme à son habitude, le spectateur voguer de spéculations en spéculations, jusqu'au moment ou Mark Wahlberg (en complète régression par ailleurs) lors d'un cours de SVT ne dévitalise la jeune pousse naissante d'une introduction déroutante. Ainsi à la suite du premier quart d'heure on comprend que le récit est soutenu par un discours écologique surfait qui ne mérite même pas qu'on s'y attarde tellement il est volatile.



Ce qui retiendra le spectateur dans son fauteuil pendant 1H30 est la survie des protagonistes échappant à cette menace invisible et imprévisible. Les nouveaux personnages se succèdent et se suicident dans la minute qui suit, on assiste à un fabuleux ballet de pantins annihilés de toute angoisse, angoisse supposée nous faire exploser le trouillomètre quand on sait que l'on va crever. Personne n'est finalement à sa place dans ce jeu de chaises musicales, chacun erre à la recherche de consistance et cherche inlassablement son rôle. D'ailleurs le réalisateur n'en est pas plus convaincu, au vue du peu de substance dont il dispose dans son discours narratif, il s'appesantit longuement sur des morts particulièrement dégueulasses, à la sauce evil dead, pour essayer de légitimer le présupposé du film. On surfera à certains moments sur la vague du gore (on est tout de même loin de planète terreur...).


Du coup les situations de poursuites deviennent risibles et les péripéties s'essouflent avant même que les fuyards n'aient le temps d'entamer une foulée pour s'éloigner du danger. Dès lors que les acteurs ouvrent la bouche les dialogues s'évaporent dans d'insipides platitudes au même titre que l'ether quitte son étreinte si on ne revisse pas correctement le bouchon.... On arrive à des situations ou l'on ne sait plus trop si c'est le premier ou le second degré qui prédomine, tant la bêtise est aberrante. Par exemple juste avant une mort certaine, Zooey Deschanel avoue à son mari son infidélité ; elle est allée manger une part de tiramisu avec un collègue sans avoir mis son époux au courant... Effectivement on comprend mieux pourquoi le couple semblait si meurtri, surtout à l'heure on l'on se permet de niquer bobonne à la maison blanche...


Le film balance entre lassitude et niaiseries, on est balloté à la recherche d'un but. La fin ne nous éclairera pas plus étant donné que Shyamalan s'affranchit de toute explication de ses phénomènes, évitant ainsi toutes critiques inhérentes à tout engagement!

Alors le film n'est pas totalement une catastrophe puisque le réalisateur auréole son oeuvre de quelques coups de génie comme par exemple la scène ou l'on suit le destin macabre d'un revolver passant de suicidaire à suicidaire. Il réussira par ailleurs à nous faire flipper en filmant de l'herbe et des arbres pliant sous l'effet du vent. On saluera aussi sa volonté d'essayer de glorifier l'individualité au dépend du groupe, même si c'est jamais vraiment réussi...l'amour ne nous sauvera pas de la fin du monde !!!

Allez on efface l'ardoise, la prochaine sera la bonne !




Mikado

2 commentaires:

E. a dit…

Merci pour cette critique désopilante! Très réussie, à l'inverse de l'objet qu'il décrit!
J'aime.

Anonyme a dit…

Boumf, beurk, argh.
ok, message passé !

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