Le Sanctuaire et son Dojo

Nous sommes en 1985 ; imaginez si les Etats Unis avaient gagné la guerre du Vietnam, si le scandale du Watergate n'avait pas éclaté et si Richard Nixon enchaînait son 5ème mandat à la maison blanche. Imaginez vivre dans un monde ou les super héros se substituent à l'ordre fédéral pour bouter les criminels hors de vos villes et rendre les heroes de comics obsolètes.

C'est dans ce contexte uchronique que se déroule l'(es) action(s) de watchmen. Sous la pression de la masse populaire une loi est votée par le gouvernement pour interdire toute intervention des super héros. Seuls 2 héros restent en activité : Le comédien et le Dr Manhattan. C'est lorsque ce premier se voit assassiner que Rorschach, l'un de ses anciens collègues, ressort son costume du placard et se met à enquêter sur sa mort.

Oui mais voilà dans 12 minutes il sera minuit. Dans 12 minutes il sera trop tard. Les trompettes de la mort sonneront pour annoncer la fin de l'humanité. Nos gardiens seront ils encore la pour nous sauver ?

Autant dire que watchmen c'est une oeuvre majeure, riche, incontournable, à lire, pour nous, aliénés du veaucer. Difficilement résumable car c'est une expérience à vivre ! Signé Alan Moore pour le texte et David Gibbons pour les dessins, la joconde des comic books a été publiée sous forme de 12 chapitres entre 1986 et 1987.

Le scénario est extrêmement riche malheureusement desservi par des dessins tout juste moyens (je vous rappelle juste l'année de parution 1986, histoire de faire appel à votre clémence). Honnêtement c'est plutôt moche !

En revanche la narration, le nombre incalculable d'effets de style, les personnages et l'intrigue subliment la BD, et suffisent à gommer la défaillance des planches.

Ainsi on retrouvera dans la BD une mise en abîme ou a travers l'un des persos on peut suivre une histoire de pirates, un comic dans le comic ! L'un des chapitres consacrés à Rorschach est construit sous forme d'un palindrome, la première page faisant écho à la dernière que ce soit au niveau du thème, des persos mises en scène et de la mise en page.




Le titre constitue également un jeu de mots à cause du double sens du mot watch qui symbolise à la fois le temps, élément incontournable dans l'histoire, et qui signifie également regarder (watchmen=gardiens). A lire en anglais.

Les personnages ressemblent à Monsieur tout le monde, c'est ce qui interpelle finalement, le réalisme qui en émane. Ils sont humains (seulement un des persos a des super pouvoirs), complexes et surtout non manichéens. Pour un comic c'est plutôt surprenant et il me semble que c'est ce qui ficelle le joli présent que Moore nous propose, la surprise, l'impression de lire quelque chose de différent.

Le tout donne quelque chose de détonnant un peu trop prévisible à mon goût. Malheureusement il n'y a que très peu de place pour l'aléatoire, on se retrouve guidé aveuglement dans les dédales de watchmen, difficile de sortir des travées c'est dommage !


Autant dire qu'adapter cette oeuvre au cinéma se révèle être une tâche extrêmement difficile voir quasi impossible. Longtemps jugé inadaptable de nombreux réalisateurs se sont cassés les dents dessus à l'instar de Terry Gilliam ou encore de Darren Aronofsky. C'est finalement Zack Snyder auréolé du succès de 300 qui a pris en main l'adaptation de la BD. En revanche comme pour la plupart de l'adaptation de ses BD, Alan Moore n'a pas souhaité être associé au projet.

Alors voilà je ne vais pas me lancer dans une analyse du scénar, les plus teigneux s'en chargeront, je vous enjoint seulement à vous procurer la BD car à coup sûr le film ne sera qu'un maigre ersatz.


En attendant de se faire une opinion je vous laisse avec le teaser...