9/15/2008

Bug : contagieux

Publié par E. |



Premier bibi et fameuse ouverture que celle du partage d'une sensation, d'une émotion ressentie par la vision de "ça". J'appelle "ça" cet ovni métamorpho-paranoiaque nommé Bug. Dernier opus du tortueux William Friedkin. Y a pas plus simple comme film, une chambre de motel, 2 personnages, un microscope et de l'aluminium. Cocktail détonnant pour exploser tous les films du genre s'il convient encore de parler de genre. Le réalisateur de l'Exorciste nous livre ici un film totalement barré, anxiogène à souhait, aux mille degrés de lecture. La mise en scène est épurée, pas de subterfuges, pas d'ambiance sonore on est au racine de la réalisation. Parle-t-on d'insecte ou d'un bug physiopathologique qui torture nos protagonistes ? On peut se laisser porter par l'invitation à un voyage angoissé et angoissant, un raid effreiné aux interstices de la schizophrénie. On y décele également une dimension politique, une sorte de règlement de compte avec l'idéologie américaine. On ne sait plus sur quel pied danser et c'est ca qui est exquis ! Rien de tel que de se faire balloter, de se laisser échouer sur une terre que l'on ne connait pas. Parce qu'au final ce film ne ressemble à aucun autre et c'est cette singularité qui perd le spectateur, plus de repères pour s'accrocher, seule solution se laisser abandonner, avaler dans ce tourbillon psychadélique.

Ce qui est flippant c'est la cohérence du récit au sein d'une trame paranoiaque, on se dit que c'est impossible, c'est tellement plus facile de laisser la folie aux fous ! Mais ce que nous montre entre autres ce film c'est comment la culture de la terreur s'est insinuée dans nos cerveaux raisonnés et les ravages qu'elle entraîne dans le bon fonctionnement de nos crânes. Brillante de bout en bout, la mise en cène mute en collant parfaitement à l'évolution psychique des personnages.

L'acte final est ébouriffant, en effet la métarmophose visuelle du film contraint le spectateur à franchir un point de non retour, ultime étape vers un climax barré mais incontestable. On saluera la performance des acteurs, le génie de Tracy Letts auteur de la pièce de théâtre pour avoir su transcrire les tourments de l'homme.
Balayant tous les codes du genre W Friedkin signe une oeuvre originale dérangée, anticonformiste qui critique, fait peur et parfois même rire.

Paranoiaque, violent, ravagé : foncez !

Mikado à SAN FRANCISCO

4 commentaires:

E. a dit…

C'est ce qui s'appelle entrer par la grande porte! Je plussoie ta chronique absoluement MAGNIFIQUE! J'avais vu bug en salle et j'ai trouvé ça cultissime!!
Je te tire ma révérence, Mikado. Tu viens de sauver ton âme et celle du site en même temps.
Merci. Et continue comme ça surtout!!
Putain, ton article m'a fait l'effet d'une claque!

Anonyme a dit…

Et moi qui me connecte ce jour, empli d'une euphorie sans nom avec l'idée d'un lynchage publickc et voilà que je tombe nez à nez avec ce long pavé riche en substance et surtout vrai. Et surtout qu'arrivé à la fin, j'y peux lire : Mikado?!! Bordel, c'est le kenwi qui m'a retourné si fort que j'haluss?!

Bien vu gros.
Bien sauvé.
Oui Bug, je dis oui aussi.
Du bon long trip.
Ill at ease.

Anonyme a dit…

Enfin, le sage est sorti de sa retraite obligée par sa conscience professionnelle. Félicitation dude, certains mon fait mal à la tête mais défois c'est bon d'avoir mal (non je ne suis pas SM).

Tistou

E. a dit…

Spécial topic sur Mikado de SAN FRANCISCO, pour tous ses fans:
http://lesanctuaire.hereforum.com/t4-Des-nouvelles-de-Sacramento.htm

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