1/05/2009

Durian Durian

Publié par C. |


Durian Durian, film de Fruit Chan (récemment remarqué par son dernier film Nouvelle Cuisine) sorti en 2000 après la trilogie sur la rétrocession de HK à la Chine. S'inscrit dans sa trilogie sur le thème de la prostitution (avec les longs métrages Hollywood HK et Public Toilet).

A l'issu du tournage de Little Cheung, FC et son équipe ont été marqués par les filles à HK - un monde curieux, grouillant et naturellement intrinsèque à la ville.


On assiste donc dans la première partie du film à la vie à Hong-Kong de Yan, jeune chinoise venue s'installer sur l'ex-colonie britannique. Compte tenu de son visa de 3 mois, elle se tient de vouloir gagner un maximum d'argent en un minimum de temps. Elle choisit une activité courante et plutôt rentable : la prostitution.


On pourrait caractériser ce chapitre de docu-réalité - caméra au point - tant l'effet est bien réalisé. On sent qu'un long travail d'immersion de FC a été réalisé au sein même de cette organisation dirigée par la mafia. C'est une activité développée voire tolérée par les moeurs locales tant ça paraît naturel de trouver des filles de la campagne de Chine perdre leur identité (belle allégorie avec le pelage de peau après tant de douches - systématiques avec chaque patron), trimer des heures sans repos pour enchaîner jusqu'à trente clients par jour. Le pire de ce documentaire objectif est que ce métier ne paraît pas si ingrat. Les filles ne sont intéressées que par un maximum de rentrées et leurs pauses dans les salons de thé (endroits typiques a priori dédiés à l'Organisation) entre 2 rdvs paraissent assez détendus. La caméra les déshumanise tout comme le fait leur métier.


Yan rencontre une jeune fille qui vit avec sa mère à HK, fascinée par les mystères de la rue puisqu'elle y passe la plupart de son temps à frotter la vaisselle.Un parallélisme de dessein y est suggéré car finalement cette famille chinoise trime dure pour pouvoir se permettre de survivre à HK tout en évitant l'inévitable retour au pays (paradoxe curieux). Un niveau de vie affligeant ou encore le désenchantement du rêve hong-kongais.

La deuxième partie du film s'articule autour de ce retour au pays : Yan prend le temps de reprendre sa vie là où elle l'avait laissée et de se recontruire moralement. Mais comment se forger une nouvelle dignité après une telle expérience - inconnue et cachée de tous ses proches ?

Culturellement marquant mais la forme péche cruellement par son manque de rythme. La musique est plutôt désolante et pathétique et les tons de couleur très (trop) fades (peut-être l'édition dvd?). La 1ère partie est très réussie : on s'immisce honteusement dans la vie de Yan avec une curiosité de compassion mais aussi de voyeurisme. La 2ème partie est trop longue, et on finit par décrocher tant on ne sait plus trop où ça nous mène.

Pour la petite histoire, le Durian Durian est un fruit connu en Asie du Sud (dit le Roi des fruits) qui exècre et dégoute par son odeur pestilentielle et contient en son coeur un fruit tendre et légèrement sucré. Probable et possible allégorie de la Chine : FC voudrait-il nous inciter à penser que la campagne chinoise - même si elle dégage une aura surfacique toujours négative, pauvre et piteuse - regorge d'un esprit humain, palpable et rassurant - du moins toujours plus que la ville impersonnelle et spectrale qu'est Hong-Kong.

En quelques mots : talentueux et inégal avec une sensibilité sociale troublante.





C.

3 commentaires:

mikado a dit…

Voila bien longtemps que tu nous avais pas ravi avec tes chinoiseries cinématographiques !
Pas vu, mais enfouis dans un petit coin de ma tête...

E. a dit…

Dommage pour la forme, qui peut décevoir les plus voyeurs d'entre nous... Et Merci pour l'info, Roi des fruits!!
Une critique très fournie et documentée (à se demander s'il n'y a pas du vécu là dedans?)!

C. a dit…

Heureusement qu'il y a Jean-Pierre (Dionnet) ! Me reste à T-ma Little Cheung, j'vous dirai ce que ça vaut et espère ravir notre très cher revenant Mikado.

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