10/12/2008

Vicky Cristina Barcelona

Publié par E. |

Vicky Cristina Barcelona, dernier film de Woody Allen, s'ajoute à l'incroyable filmographie du réalisateur dans le respect de sa tradition: l'amour, son leitmotiv.


Un petit film - comme une balade aux premiers jours du printemps - sur fond de carte postale où l'on découvre la beauté du patrimoine barcelonais, notamment l'architecture laissée par Gaudi. Très cinégénique. Un film où toutes les formes d'arts sont présentes, qui sonne comme un hommage. De la peinture à l'écriture, en passant par la poésie, la musique, la photographie, l'art de la table et l'art de vivre, tout y est, Gaudi compris.


Mais ne nous y trompons pas, s'il est un amoureux de la vieille Europe non-anglophone comme il le prône, Woody Allen fait encore l'apologie de l'amour. L'amour conçu comme un art, sans doute, à l'image de tout ce qui semble structurer ce film... Un mystère qui se vit plus qu'il ne s'explique. On a la fibre de l'amour comme on a celle de l'artiste. Ou on ne l'a pas. C'est là tout le voile qui enveloppe le film.

Dans son scénario, le réalisateur insiste sur quelques visions de l'amour sans en ériger de conception, contrairement à ce que certaines critiques laissent entendre. Il met en avant l'expérience du ménage à trois, sans doute pour une meilleure image à l'écran. Mais certainement pas comme solution à l'Amour. Là encore, vous pourrez lire ci et là que c'est un hymne à la pluralité et à l'extension de la notion du couple. Mais si cet aspect est marqué - plus qu'il n'est marquant - dans le film, il y a bien d'autres approches de "l'amour vécu" mises en scène. Souvent chaotiques d'ailleurs, aucune d'entre elles ne semble être la bonne dans le cas des protagonistes que nous sommes amenés à suivre. L'amour à trois comme les autres.



Tout cela pour dire qu'il ne faut pas donner à cette oeuvre plus d'importance qu'elle n'en a. Il faut y voir une petite histoire d'amour comme Woody Allen sait - seul - les faire. Particulière, légère et volatile. Rien de plus. Point d'ancrage ou thème récurrent chez Woody, le film est surtout axé, à partir de ces cas particuliers , autour de l'Art. L'Art comme moteur de la vie. S'il y a une conception forte qu'il défend, c'est celle de vivre l'amour comme un art. L'art d'aimer, on doit l'accepter, cela s'apprend. Mais, il faut l'avouer, certains seront toujours plus doués que d'autres...
Ce qui en fait un film appréciable sont surtout les acteurs qui jouent tous avec multiples profondeurs et harmonies. Les dialogues sont aussi brillamment articulés. C'est bien un Woody Allen. Mais on déplore le manque de caractère donné à l'histoire qui, aussi particulière soit-elle en devient presque anecdotique... Pour tout vous dire, je suis sorti de la salle avec cette terrible impression de vide. C'est sûr il ne se passe pas grand chose... Il y a tout de même ce grain, cette finesse, ces acteurs... mais c'est tout.

E.



Plus d'infos sur ce film



7 commentaires:

Comarin a dit…

une certaine finesse, des bons acteurs, des bons dialogues ! ben c'est déjà pas mal !! le scenario est souvent anecdotique chez notre ami Woody, ça n'est souvent qu'une exuse pour donner libre cours aux acteurs !! j'adhère, je me souviens rarement des woodys (match point mis à part) mais je sais que c'est toujours un bon moment !

C. a dit…

Ca c'est poétiquement appréciable pour oitD vieux Elgaga !! Marrant ton article : une apologie prudente d'un art creux... Assez controversé !

Film présenté et bien accueilli au Zinemaldi mais sans Pe ni Scarlet (des bruits ont couru pdt le festival comme quoi s'entendent pas super bien).

Une chose est sûre : le Javier - culbut'man avéré - a du bien en profiter avec ces 3 zel'gon...

E. a dit…

Oui, le bon moment est là, c'est sûr! Et oui encore, je suis assez partagé sur mon impression globale... Mais c'est pas l'art qui est creux en lui-même, c'est le souvenir qu'il laisse... Un peu comme tu dis, comarin...
Un bon moment qu'on oublie instantanément!

Y parait que Javier il adore la sodomie.

Bénédicte a dit…

Rien que pour l'Art et Barcelone, j'irai voir ce film !!! Et j'adore les folies de Woody Allen !

Anonyme a dit…

Plutôt un bon Woody même si les réflexions sur l'amour ne sont effectivement qu'un prétexte à placer ses dialogues savoureux.
A+
http://www.playlistsociety.fr/2008/10/vicky-cristina-barcelona-de-woody-allen.html

Bénédicte a dit…

Voilà, chose dite, chose faite. Hier soir, j'étais à Barcelone et j'ai beaucoup apprécié de suivre Vicky et Cristina. C'était l'été et l'été tout est permis. On se laisse aller et pour ça, Woody est très fort. On se laisse vivre pendant le film et on ressent très fort les émotions et ressentis de chaque acteur. Bravo pour le jeu de chacun. C'est une histoire pas si simple que ça. Et elle pourrait être vraie. Qui n'a pas eu de tentation charnelle ? Qui n'a pas vécu l'amour déraisonnable ? Qui n'a pas eu un instant envie de changer de vie ? Qui n'a pas douté de ses propres sentiments ? Qui n'a pas eu de doute sur ses propres croyances ? Mais qui n'a pas eu peur ? Bref, tout le film met l'accent sur les faiblesses de l'Homme, homme et femme, bien sûr. Personne n'est infaillible, même la veille de son mariage. cela peut faire peur, comme cela peut être rassurant : finalement, je ne suis pas plus nul que les autres, pas meilleur non plus. Woody n'en tire aucune morale. Mais il ne va pas jusqu'au bout dans son film. Il reste dans le "raisonnable", ce qui n'a pas été le cas dans sa propre vie.
J'ai bien aimé ce film, très intéressant, en profondeur. Avec de très beaux et très bons acteurs. Des vues superbes sur Barcelone, Gaudi et Miro ne sont pas assez présents à mon goût. Il y a aussi de très belles photos. Le film montre aussi à quel point on a besoin d'être boosté par l'autre, à tous les niveaux. Et c'est si vrai...
Bravo Woody !

E. a dit…

merci pour ce commentaire, je crois que c'est le plus long du sanctuaire!
très sympa de te lire comme ça!!!!

Subscribe